https://www.lepoint.fr/monde/quand-la-dgse-organise-un-etrange-tournoi-de-cyberguerre-27-10-2025-2601871_24.php International Quand la DGSE organise un étrange « tournoi » de cyberguerre DÉCLASSIFIÉ. Pour séduire les meilleurs étudiants et professionnels de la cybersécurité face à Google ou Palantir, la DGSE les met à l’épreuve par équipes. Par Romain Gubert Publié le 27/10/2025 à 17h00 S’abonner sans engagement La DGSE recrute un peu plus d’une centaine d’étudiants en école d’ingénieurs ou en bac + 5 universitaire dans les domaines cyber. La DGSE recrute un peu plus d’une centaine d’étudiants en école d’ingénieurs ou en bac + 5 universitaire dans les domaines cyber. © Jacques Witt/SIPA Temps de lecture : 3 min Ajouter à mes favoris Google News C'est une étrange réunion. Elle est organisée par la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) et doit se dérouler début décembre dans les locaux de l'une des meilleures écoles françaises d'ingénieurs, CentraleSupélec. Autour de petites tables, le principal service de renseignement français va réunir 500 spécialistes de data science, experts en cryptanalyse, professionnels de la cybersécurité. Il y aura aussi de petits génies en analyse du signal, en Osint (Open Source Intelligence) ou même en chimie. Mais ce n'est pas pour faire de la figuration pour un épisode de la série Le Bureau des légendes. Pendant une journée, de 7 h 30 à 23 h 30, par équipes de 3 à 5 personnes, les participants (dont au moins l'un d'entre eux doit être de nationalité française) doivent jouer aux espions et résoudre les 25 épreuves concoctées par la direction technique de la DGSE qui simulent – dans les conditions du réel – le travail quotidien d'un agent pour déjouer les plans d'une organisation mafieuse ou d'un pays ennemi qui menace les intérêts français. Le scénario (évidemment secret jusqu'à la dernière minute) est suffisamment alambiqué pour que les candidats ne s'affrontent pas seulement sur leurs compétences techniques. Ils doivent mettre leur curiosité et leur ingéniosité au service de leur équipe pour rassembler et analyser des informations et déjouer le pire. Une carrière d'espion C'est la sixième année consécutive que la DGSE « recrute » 500 étudiants parmi les futurs ingénieurs des meilleures grandes écoles ou des meilleures universités en fin de cursus pour ce challenge aux allures de jeu grandeur nature. Quelques entreprises et start-up sont aussi invitées à participer à Tracs, cette compétition de data science, de sécurité et de cryptanalyse conjointement organisée avec ViaRézo, une des associations de CentraleSupélec. À LIRE AUSSI Cyberguerre : comment les Européens ripostent face à la Russie À consulter le classement des équipes l'an passé, les étudiants ont écrasé les professionnels. Et petit clin d'œil : le nom des équipes appartenait au répertoire des hackers ou du dark web. Au-delà du jeu lui-même, qui permet aux meilleurs étudiants et professionnels dans le domaine du cyber de s'affronter, ce concours est évidemment le moyen pour la DGSE de « faire son marché » et de proposer des carrières au sein de la « Boîte », le surnom de l'institution. Car c'est le challenge des services de renseignement du premier cercle – la DGSE, la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), la Direction du renseignement militaire (DRM), la Direction du renseignement et de la sécurité de la défense (DRSD), Tracfin – de pouvoir être à la pointe en matière de cyberguerre pour déjouer les menaces. Le site Internet de la DGSE propose des dizaines d'emplois aux meilleurs ingénieurs ou universitaires dans le domaine cyber et les autres services s'affichent de plus en plus dans les salons professionnels (VivaTech, La Fabrique Défense, European Cyber Week…) pour séduire d'éventuels candidats. À LIRE AUSSI Il ne vous reste plus que quelques jours pour devenir… espion à la DGSE La traque des étudiants cyber De gros efforts salariaux ont aussi été déployés par l'État pour être attractif, en tout cas en début de carrière. Une grille spécifique de rémunérations a été conçue pour ces métiers par la Direction interministérielle du numérique (Dinum), même si celles-ci restent inférieures à celles des grandes entreprises comme Google, ChatGPT ou Palantir. Mieux, les services tentent aussi de démarcher des candidats en leur montrant ce qu'ils peuvent faire au nom du drapeau (et pour la bonne cause)… et qui serait totalement interdit par la loi dans le privé (infiltrations sur le dark web, espionnage, captation de données, piratage d'institutions ennemies…). À Découvrir Le Kangourou du jour Répondre Avec ce résultat, bon an mal an, la DGSE recrute un peu plus d'une centaine d'étudiants en école d'ingénieurs ou en bac + 5 universitaire dans les seuls domaines cyber (pour les « espions » plus « traditionnels », le recrutement se fait par concours ou au sein du vivier de l'armée, voire par annonces). Même s'il est difficile de recueillir des données précises, la DGSI aurait elle aussi un programme de recrutement de 400 jeunes spécialisés dans le cyber d'ici à 2030. Plusieurs agents de la direction technique de la DGSE seraient même spécifiquement chargés de faire la tournée des écoles d'ingénieurs pour détecter les profils les plus intéressants. Les inscriptions à Tracs sont ouvertes sur https://tracs.viarezo.fr jusqu'au 6 novembre. Les mots-clés associés à cet article Déclassifié À ne pas manquer Dans le secret du centre de sécurité d’Apple à Paris Entre Trump et les services secrets américains, le temps de la guerre ouverte Ce service est réservé aux abonnés. S’identifier Commentaires (8) lac69 28-10-2025 • 12h24 ... À défaut d'être recrutée à la clé. Mais complexe à organiser. Il y a les énoncés qui doivent coller au déroulement de l'épreuve (si, si), les participants très nombreux, les moyens techniques plus évolués qu'un stylo et un papier, Les intervenants extérieurs qui doivent être pertinents au moment où... Bref, un challenge. chabadass 28-10-2025 • 12h01 Rien de nouveau sous le soleil. Par contre, pourquoi diantre ne sont-ils pas français?!?!?!?! A-t-on tellement confiance en nous que ce n'est pas la peine de privilégier nos ressortissants ? Ferula 28-10-2025 • 11h22 Comme une impression de malaise. Cela me fait penser à un jeu video grandeur nature sauf qu'il ne s'agit pas d'un jeu mais d'une réalité. Les destructions ne se reconstruiront pas à l'identique et les morts ne ressusciteront pas. Jade999 28-10-2025 • 09h19 Je m'étonne que l'on n'exige pas que la totalité des équipes ait la nationalité française. La confiance que la DGSE a à l'égard de ces jeunes est remarquable. Il n'est toutefois pas impossible que certains d'entre eux entrent dans cette compétition pour connaitre les "boucliers" de cybersécurité de la DGSE afin de les déjouer. Bibi Tricotin 28-10-2025 • 09h12 Il n'y a rien de choquant là dedans : les Israéliens son très forts dans le domaine de l'espionnage électronique : nombre de start up ont été crées par d'anciens soldats de Tsahall. C'est quand même eux qui ont crée le logiciel Pegasus qui a espionné le téléphone de Macron et Merkell. Enfin le "Kriegsspiel" a été inventé par l'armée Prussienne au 19° siècle pour former les officiers aux tactiques sur le terrain... Poutine aurait dû y jouer avant le 24 février 2022... guy bernard 28-10-2025 • 08h53 Il y a une trentaine d'années, une de mes amies m'avait invité au Palais des Congres à sa conférence où elle faisait la promotion d'un produit informatique et j'avais été surpris de voir des adolescents d'une quinzaine d'années au premier rang dans la salle. "vous êtes venus avec vos enfants", lui avais-demandé ? Et sa réponse a été : " ce sont nos experts, et, à leur âge, ce sont déjà des pirates repentis". Des lors, on comprend qu'ils ont commencé par des jeux vidéo, avant de s'intéresser au fonctionnement de la machine. C'est donc une analyse comportementale et évolutionniste qu'utilise la DGSE... , avec 30 ans de retard. lecteuraterré 27-10-2025 • 21h58 Rappelons qu’en 1939, les services anglais recrutaient par des énigmes cachées dans les mots croisés jeromesavonadiritorno 27-10-2025 • 17h45 Un des fistons y a participe deux fois et a trouve ca extremement enrichissant. https://www.lepoint.fr/monde/quand-la-dgse-organise-un-etrange-tournoi-de-cyberguerre-27-10-2025-2601871_24.php